Décembre 2020 – # 3

 

L’année 2020 touche à sa fin. C’est l’occasion pour cette gazette de faire un point sur les productions de l’année ainsi que celles du dernier trimestre et de donner un éclairage sur le début 2021.

 

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Si les préoccupations sanitaires focalisent toute l’attention, il reste que 2020 s’est également caractérisée par de nombreux excès météorologiques : excès de chaleur, de sècheresse puis de pluie et enfin de douceur. Cela complique bien évidemment la conduite des cultures en rendant leurs résultats plus aléatoires et imprévisibles.

L’arrivée précoce de la chaleur a permis une année faste pour les fraises, les tomates, les aubergines, qui nous ont offert de belles récoltes : des fraises mûres à point, sucrées et savoureuses, des aubergines et des tomates en abondance (jusqu’à 3 kg de tomates par panier en juillet-août).

Revers de la médaille : 2020 a été également une année faste… pour les parasites et les maladies. Si les plantations extérieures ont souffert de la sécheresse, celles de fin d’été sous la serre ont eu du fil à retordre. En cause : le « cocktail gagnant » : chaleur + humidité (due à l’arrosage) favorisant le développement des maladies et des ravageurs. Ainsi les pucerons, altises, aleurodes, vers gris et chenilles diverses (piéride du chou, chenilles vertes) ont prospéré, de même que l’oïdium (la maladie du blanc bien connue des jardiniers et causée par un champignon).

 

Galerie de portraits

Les altises

Appelées aussi « puces des jardins », minuscules coléoptères sauteurs et grandes perforatrices d’à peu près tout, les altises raffolent des crucifères (chou, navet, colza…) et affaiblissent d’autant plus les plants qu’elles opèrent en grand nombre. C’est la première année que Jean subit une telle invasion. La chaleur précoce et durable a favorisé leur multiplication et elles ont jeté leur dévolu sur les choux rouges. Pour les combattre, l’aspersion fréquente des plantes envahies donne des résultats en gênant la ponte mais, envahis en début de croissance, les choux se sont moins développés et sont restés petits.

Les aleurodes

D’aspect tout à fait gracieux, les aleurodes s’envolent en nuée blanche dès que l’on effleure les plantes qui les hébergent. Poétiques… mais redoutables : non seulement elles piquent les feuilles pour prélever la sève mais leurs larves sécrètent un miellat qui favorise l’apparition d’une moisissure noire. Celle-ci va recouvrir progressivement les feuilles infestées par les larves d’aleurode, empêchant la plante de recevoir la lumière et entravant son développement.

Comme pour les altises, un moyen de lutte est l’arrosage fréquent des feuilles, de manière à gêner l’installation des insectes.

Le vers gris

Le vers gris, lui, est la chenille d’un papillon appelé noctuelle. Il vit dans la terre, au niveau des racines et affectionne particulièrement les jeunes plants.

Imaginez une belle planche de jeunes salades vert tendre fraichement installées. Jour après jour une poignée d’entre elles flétrit et meurt sans cause apparente : pas de pucerons, pas de maladie, pas de chenille sur les feuilles, rien. En réalité le vers gris s’est faufilé sous la racine du plant et à l’heure de son repas vient grignoter et sectionner le collet, à la naissance des feuilles.

En quelques heures le plant se dessèche et ressemble à ceci :

Le moyen de lutte : déterrer au plus vite le plant pour en extraire le ver, détruire celui-ci avant qu’il n’aille goûter à d’autres jeunes plants… et prévoir en amont un surplus de plants pour remplacer les dévastés.

La chenille verte

En plus du ver gris, les salades et les blettes ont eu à subir les assauts de petites chenilles vertes, friandes de jeunes feuilles tendres. Remède : le ramassage à la main, qui fut l’œuvre patiente et quotidienne de Nittaya.

La piéride du chou

Les choux verts ont eux reçu la visite de la piéride du chou et de sa chenille vorace aux couleurs caractéristiques : jaune-vert et noir. Là encore, le ramassage à la main est de rigueur.

Oïdium

Favorisé par les températures douces de la fin d’été et du début d’automne, l’oïdium a envahi la serre. Touchant tout d’abord les pieds d’aubergines en fin de production, il a contaminé la mâche ; tant et si bien que Jean a été contraint de jeter tous ses plants et de recommencer un nouveau semis.

Impossible de le distribuer dans cet état-là. Il ne reste plus qu’à tout jeter et à tenter un nouveau semis.

 

Le point sur les cultures

Après toutes ces « mésaventures » de fin d’été et d’automne, où en sommes-nous ?

Bien sûr, le contenu de nos paniers ce dernier trimestre a reflété ces difficultés, qu’elles soient climatiques ou causées par les ravageurs, et certains légumes d’automne-hiver sont absents pour le moment.

C’est le cas des carottes, des betteraves d’hiver et des céleris raves. Semés en plein champ, ils ont fait les frais de la sécheresse. Ils ont résisté mais ne se sont pas développés ; les jeunes légumes sont restés au stade d’un petit toupet de feuilles et se sont mis en stand-by tout l’été. Ils ont repris leur croissance à l’automne grâce aux pluies alliées à la douceur exceptionnelle des températures et sont maintenant en plein développement. Les premiers à atteindre une taille raisonnable seront les cèleris ; ils devraient arriver dans nos paniers courant janvier.

Il reste que pour distribuer ces légumes-racines il faudra pouvoir les arracher. Cela implique une période sans trop de pluie pour que la terre ne soit pas détrempée… Affaire à suivre !

Quant aux radis noirs, le semis de septembre n’a pu lever correctement par manque de pluie. Lorsque la pluie est arrivée, courant octobre, la température a chuté, freinant la croissance des jeunes radis. Le mouron, lui, n’a pas eu de telle réticence : il s’est parfaitement développé… et a tout envahi. Exit donc les radis noirs pour le moment.

En plein champ toujours, nous continuons à récolter les poireaux. Très résistants, ils ont traversé la sécheresse et se sont bien développés grâce aux pluies de début d’automne. Les premières baisses des températures ne les ont pas gênés. Si leur taille est très variable, cela dépend du lot que nous avons planté. Jean avait reçu des lots de différents producteurs et de différentes provenances (Hollande, Bretagne). Dans certains lots les plants étaient déjà robustes et bien formés. D’autres lots contenaient pas mal de plants très fins… qui ont donné des poireaux de plus petite taille.

Quoi qu’il en soit, nous avons encore des poireaux en terre pour plusieurs mois et leur ramassage aurait de quoi devenir une véritable discipline olympique…

La terre argileuse et gorgée d’eau (120 mm tombés en novembre ne se ressuieront pas de sitôt !) rend l’arrachage difficile. Certaines semaines, le sol est si détrempé que lorsque nous tirons sur un poireau le sol fait « succion » en sens inverse ! Tant et si bien que Jean a parfois recours à l’arracheuse de pommes de terre pour les sortir de terre. Ce sol particulièrement boueux explique que malgré tous nos soins (nous ôtons les racines et les premières feuilles trop dures) les poireaux arrivent encore dans vos paniers porteurs de terre.

Quoi de neuf sous la serre ?

Comme expliqué précédemment, le semis de mâche fait au mois de septembre a dû être recommencé. Très beaux dans la pépinière, les jeunes plants se sont couverts d’oïdium en quelques jours dès qu’ils ont été repiqués dans la terre de la serre. Les conditions météo ont favorisé le développement de la maladie avec des températures très (trop) douces et l’ambiance humide inhérente à la serre, conjuguées à l’impossibilité d’ouvrir et d’aérer (ce qui aurait permis de diminuer l’humidité de l’air) à cause d’une période de vent fort.

Depuis, Jean a retenté un semis ; nous espérons que la température en baisse permettra cette fois de bloquer le développement de l’oïdium… mais qu’elle ne baissera pas trop, sinon la mâche ne poussera pas non plus !

Nous avons commencé à récolter et distribuer persil, épinards et blettes. La récolte de ces légumes se poursuivra début 2021.

Nous avons également planté divers choux : chinois, pak choi, choux-fleurs, choux raves, choux rouges et choux cabus, ainsi que la ciboulette.

Des plants de salades sont en place pour la rentrée et les semis de planches de radis roses se succèdent. A quelque chose malheur est bon : la saison n’a pas été favorable aux radis noirs mais les périodes de douceur persistante qui ont marqué cet automne permettent la culture de radis roses qui, normalement, se sèment au printemps. Pink is the new black !

A venir également : le cresson et une nouveauté, le mesclun japonais.

De son côté, Jean va effectuer de nouveaux semis pour préparer la production des mois à venir. A découvrir dans la prochaine gazette…

Quant aux pommes de terre, comme les poireaux, elles continueront à nous accompagner tout au long de l’hiver.

 

La suite en 2021…

Avec l’arrivée de l’hiver, certaines AMAP suspendent purement et simplement leur production pendant quelques mois jusqu’au printemps. Ce n’est pas le cas du Pré de l’Epinoche, la serre permettant de maintenir des cultures en hiver et de démarrer tôt celles du printemps. Nous marquons une pause (fort bienvenue !) de 15 jours, mais le « break » pour Jean sera plus court. Il lui faudra surveiller les cultures déjà en place qui sont en train de se développer et préparer la terre : bientôt viendra le « coup de feu », le démarrage de la campagne de semis 2021.

Pas de distribution de paniers pendant 15 jours donc. Elles reprendront le 6 janvier 2021.

Et pour terminer, quelques photos prises sur le vif…

Que cette période de fêtes soit la meilleure possible pour vous tous et à très bientôt pour de nouvelles… nouvelles !

Mireille

 

sources des photos : internet, Olivier Rolfe et Mireille Bouissou